Dimanche 7 décembre
On vient d'arriver au Foyer de la charité Marie Mater, à Roquefort-les-pins. Florence, la directrice intérim, est venue nous chercher à la gare d'Antibe. C'est un très grand domaine où résident une vingtaine de personnes en permanence, tous laïques, chrétiennes pour la plupart.
En arrivant au foyer, on nous fait visiter les lieux, réfectoire, salles de travail, chapelle, crypte et dortoir. Chanceux, on a un genre de petit studio pour nous deux. Pour les repas, c'est comme on veut; Soit manger avec la communauté au réfectoire, soit s'apporter des victuailles et manger dans notre chambre. Sûrement un mélange des deux, pour s'intégrer. J'ai l'impression qu'ici, on va vivre un sevrage de télé et d'Internet. Ayoye...
Le soir avant le souper on se présente devant les résidents, un vingtaine, pour qu'ils sachent un peu qui on est et ce qui nous amène ici.
Aujourd'hui, on relax pour la fin de la journée, notre travail commence demain.
Lundi 8 décembre, 21h10
Ouf! Quelle journée. Petit déjeuner à 8h00, chapelet de 8h30 à 9h00, et travail. Aujourd'hui, j'aide à la reconstruction d'un toît, et Jo est de corvée de cuisine. On mange de 12h00 à 13h00, et on retourne au travail, pour terminer vers 16h00. Un brin de toilette, lessive, repos, et messe de 18h00 à 19h15. Ensuite, c'est la ruée vers les cuisines pour le service du soir. Ce soir, en plus des vingt résidents, il y a une quinzaine de retraitants. Tout ce beau monde a droit à un repas quatre services, et on mange entre temps. Ensuite, la vaisselle. Une vraie fourmilière, c'est hallucinant. Ce soir, une sœur carmélite donnait une conférence sur l'apocalypse. Ça devait être intéressant, mais on est ben trop brûlés pour y'aller.
Ce matin, je travaillais avec Augustin, un jeune breton de 19 ans qui a ressenti un appel au sacerdoce. Touché par un récit sur le poverello, François d'Assise, il est parti du mont Saint-Michel pour se rendre à Assise, sans équipement, sans argent et sans...sans rien! 1800km. Ici, à mi-parcours, il fera une retraite silencieuse d'une semaine à partir de demain. Spécial. Un bon gars. L'espérance irradie dans ses yeux. Ça fait du bien de le voir.
Y'a aussi un Géorgien, Matis. C'est drôle. Depuis plusieurs mois, il prend des cours de français. Moi, j'le trouve assez bon. Mais lui, quand il entend mon accent québécois, y "rush" en cibole. Pis y'a Sébastien, un ouvrier en compagnonnage, à qui j'arrête pas d'expliquer qu'hostie de câlisse de tabarnac, c'est pas drôle, c'est vulgaire. Mais lui, y trouve ça drôle parce qu'il a appris ça en écoutant des humoristes Québécois. Ciboire!
Bon, les dents, un brin de lecture, et "hit the bunk". Demain, on recommence...
Mardi 9 décembre, 20h40
Aujourd'hui, un peu la même routine qu'hier. Toutefois, j'ai rapidement eu une promotion en passant à manoeuvre, ou bête de somme, à ouvrier qui participe à la construction. Il y avait un problème de finition de toît que les ouvriers n'arrivaient pas à résoudre après quatre reprises. En les regardant, je réfléchissais et, quand plus rien ne fonctionnait, j'ai tenté un "Si je peux me permettre...". Et vlan! Mon idée était la bonne. Je me suis vu offrir l'officiel tablier du compagnon et un accès illimité aux outils. C'est plus motivant que trimbaler de la tôle de gauche à droite.
C'est spécial la vie de communauté. Surtout après six mois de voyage en duo. Ça impose une discipline qu'on avait presque oublié. On mange bien, en quantité et en qualité. Le soir, on mange avec les retraitants, en silence. Ça on trouve ça un peu plate. On dirait que c'est contre nature. C'est tellement agréable d'échanger devant une bonne bouffe.
Une chose qui m'impressionne vraiment, c'est faire la vaisselle après. Ce n'est pas dans mes tâches mais je participe quand même. Ça me fait tripper la façon dont ça se passe. La vaisselle insérée dans le lave vaisselle en ressort de l'autre côté en deux minutes seulement. Ensuite, on essuie et on range, tout ça à une vitesse folle.
On essaie de se rendre utiles pour rester ici un bout de temps. Logés et nourris, on ne dépense rien. Ça met un garrot à notre hémorragie financière car depuis Rome, ça shift dans le compte bancaire. Et en plus, ici, on a l'impression de faire partie de la communauté. Ça donne une bonne idée de ce que c'est. Ici, la vie me rappelle une phrase entendue il y a longtemps:"La plupart de temps, je fais ce que je dois faire. Le reste du temps, je fais ce que je veux...".
Mercredi 10 décembre
On a presque terminé le toît. On fait une drôle d'équipe: moi du Canada, Sébastien un Franco-Suisse, Sahya un Algérien, Matis un Géorgien et Eduardo, un Cap-Verdien. Cinq cultures, cinq mentalités différentes. Et cinq façons de voir les choses...
En travaillant avec eux, en les observant, ça m'aide à mieux comprendre leurs cultures et leurs valeurs. Et les nôtres aussi.
Pour Jo ça se passe bien. Elle aide pour la mise en place des salles à manger et la préparation des repas. Là aussi y'a de l'action. La grande majorité des résidents est plus âgées que nous alors, elle est aux anges. Elles a un véritable don pour les faire sourire, et les faire parler. De son côté, elle trouve qu'elle ne fait pas assez d'exercice. Moi, j'en fait trop dans les échelles. C'est comme ça!
Jeudi 11 décembre, 20h42
Le toît est terminé. Demain, on passe à autre chose. Le prêtre de la communauté, Jean-Claude, est revenu d'une formation annuelle. On l'aime bien. Ses homélies sont bien préparées et, surtout, adaptée à notre époque. C'est clair qu'il fait des efforts pour rendre ses messes intéressantes. Et le résultat est très bon. Ce soir, c'était Johanne et moi les servants de messe. Ça c'est bien passé.
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